Une année au rucher

Fruit de 60 ans de passion pour l’abeille et le métier d’apiculteur, ce document de M. Victor Chayriguet décrit mois par mois les travaux de l'apiculteur au rucher, à l'atelier, à la maison et même en vacances …

Travaux de Janvier

Au rucher :
Période de calme et de repos.
Effectuer des visites fréquentes pour s’assurer du bon état des ruches.
Veiller à ce que les toits soient bien en place, surtout après tempêtes ou grands vents. En cas de neige, dégager légèrement les entrées pour assurer une bonne aération intérieure.
Dans les ruches situées près des bois, surveiller les attaques des pics-verts qui percent les bois des ruches au niveau des encoignures. La pose des affolants s’impose début décembre.
 
A l’atelier :
Effectuer les travaux de remise en état du matériel disponible : ruches, cadres, hausses, caissette à essaim.
Les longues soirées sont propices au travail et à l’étude. Classez les notes prises en cours d’année. Relisez les ouvrages de votre bibliothèque apicole. Approfondissez vos connaissances. Vous commencerez ainsi la saison dans de bonnes conditions.
 

Travaux de Février

Au rucher :
Premières fleurs, premières sorties des abeilles si le temps est doux.
Vérifier les rentrées de pollen qui doivent commencer dans les ruches. L’élevage du couvain est démarré.
Noter les colonies ou aucune rentrée de pollen n’est observée. Elles seront à visiter dés que le temps le permettra.
Vérifier de même que tout se passe bien lors des premières sorties. Les traces de diarrhées sur la planche d’envol ou sur les parois de la ruche peuvent être causées par la nosémose. Dans ce cas, faire les prélèvements et les adresser à un laboratoire agréé. Si l’examen est positif effectuer sans tarder les traitements qui s’imposent.
Soupeser les ruches pour évaluer les provisions. Donner du candi aux colonies dont les provisions semblent insuffisantes.
 
A l’atelier :
Passer une rapide inspection des cadres bâtis mis en réserve. S’assurer du bon état du matériel : enfumoir, voile, etc…. qu’il va bientôt falloir utiliser.

Travaux de Mars

Au rucher :
Visiter les ruches suspectes d’orphelinage ou de maladies, dés que le temps le permettra. S’assurer si les provisions sont suffisantes dans les ruches semblant légères. En cette saison, 4 à 5 kg de provisions sont encore nécessaires pour atteindre sans surprise les premiers apports conséquents. Les réserves diminuent plus vite par hiver doux que par temps froid.
Distribuer candi ou sirop aux ruches jugées nécessiteuses.
Relever les grilles d’entrées pour laisser libre passage aux butineuses. Nettoyer les abreuvoirs ou en aménager s’il n’y à pas d’eau aux abords immédiats du rucher.  
Effectuer une tournée d’inspection dans la région environnante visitée par les abeilles. Rechercher les cultures qui y sont faites cette année. S’il y a des colzas, stimuler pour pouvoir profiter de cette récolte.
Visiter les agriculteurs pour les informer du danger, pour les abeilles et pour eux ; des traitements insecticides ou herbicides inconsidérés.
 
A la maison :  
Préparer les fiches et carnets de notes à utiliser durant la saison. Faire un résumé des conclusions provenant des observations faites l’année précédente.
Etablir un tableau de marche des principales opérations à effectuer : souches à utiliser pour les élevages, ruches à rémérer, transferts à effectuer.

Travaux d’Avril

Au rucher :
Effectuer une visite générale des ruches dés que la température est suffisante. A cette saison, les abeilles sont moins agressives et plus faciles à manipuler. Les colonies doivent avoir déjà quatre à six cadres de couvain bien garnis. Vérifier que :

  • Le couvain est en bonne santé
  • La reine a une ponte régulière et suffisante
  • L’état des provisions est satisfaisant

Retirer les cadres vides et moisis qui peuvent se trouver en rive. Les remplacer par des cadres sains. Ne pas introduire des cires gaufrées dans la grappe, mais les placer contre la paroi le cas échéant.
Procéder au nettoyage des plateaux encombrés par les déchets et cadavres accumulés au cours de l’hiver.
Pose des hausses sur les colonies populeuses
Faire cette visite le plus rapidement possible pour éviter le refroidissement du couvain.
Nourrir les colonies nécessiteuses. Procéder à un nourrissement spéculatif pour les ruches insuffisamment développées 300 grammes de sirop à 50% de sucre, tous les 2 jours.
Les ruchettes ayant hiverné sur 5 ou 6 cadres doivent être logées dans des ruches normales, en temps voulu, afin d’éviter le blocage de ponte de la reine et l’essaimage qu’il provoque.

 
A l’atelier :
Procéder aux préparatifs en vue de la récolte : visite des hausses, remplacement des bâtisses en mauvais état.

Travaux de Mai

Au rucher : Avec mai, débute la récolte.
Les hausses doivent être posées dés que le corps de ruche est entièrement occupé par les abeilles. Ne pas mettre les hausses trop tôt, afin de ne pas refroidir le couvain et gêner ainsi le développement des colonies. N’ajouter une hausse que si la première est presque entièrement garnie.
Donner le plus de passage possible aux abeilles en agrandissant l’entrée des ruches, en grillageant le plateau de fond, pour augmenter et faciliter la ventilation.
Veiller à la sortie des essaims naturels, qui partent généralement dans les premiers jours de la miellée.
Procéder à l’élevage de jeunes reines pour être à même de remplacer les reines âgées ou défaillantes, dans quelques semaines. Effectuer cette opération à partir de la meilleure colonie, en se basant sur les principaux critères suivants : rendement, santé, douceur.
S’il y a eu miellée sur le colza, procéder à l’extraction de la récolte dés la dernière fleur tombée, car ce miel durcit très vite et il est ensuite impossible de le récupérer sans faire fondre les rayons.
 
A l’atelier :
Tenir prêt le matériel indispensable au ramassage des essaims et à leur logement. Préparer les ruchettes d’élevage pour les reines.
 

Travaux de Juin

Au rucher :
Si juin est beau, il sera profitable à l’apiculteur.
Surveiller les ruchers. S’assurer que les abeilles ont assez de place pour loger leur butin.
L’apiculteur avisé fera une première récolte dés que les acacias et les tilleuls seront défleuris. Ils auront ainsi un miel clair qui sera bien plus apprécié que celui de juillet, dans lequel on peut trouver du miel de châtaigner dont l’odeur forte et le goût particulier ne plaisent qu’a certains.
Les hausses récoltées seront mises à lécher, le soir à la nuit tombante, sur les ruches. Les abeilles les tiendront en bon état et les rempliront peut être si la saison est bonne, voir exéllente.
La récolte de juin étant faite, procéder à l’essaimage artificiel pour former de nouvelles colonies. Les ruches sont pleines d’abeilles qui vont ralentir leur activité. Prendre deux cadres de couvain avec les abeilles dans une ruche, deux dans une autre, les réunir dans une ruchette. Greffer une cellule de reine operculée provenant de l’une de vos meilleures ruches orphelinées, et ce, après que la ruchette ait été 48h en cave. Nourrir abondamment. Ces essaims donneront d’excellents résultats l’année suivante. 
Procéder au remplacement des reines défectueuses en orphelinant, puis en greffant, 48h plus tard, une cellule de reine operculée ou en introduisant une reine de choix. 

Travaux de Juillet

Au rucher : Chaleurs, Orages 
La miellée se fait plus rare, les abeilles deviennent agressives.
Surveiller les colonies faibles et les essaims de l’année. S’il y a peu d’apports, il faudra leur donner quelques kilos de sucre pour les aider à se développer.
Ne pas leur laisser un passage trop important, mais réserver une entrée facile à défendre contre les pillardes qui faute de miellée, cherchent à attaquer les ruches faibles.
Retirer les pièges à essaims que vous avez pu disposer.
Ranger les cadres inutilisés après les avoir traités pour les protéger de la fausse teigne.
A cette saison, elle se propage facilement et les rayons abandonnés, les ruches sans abeilles sont vite la proie de ces parasites.
Mettre la récolte en pots. Par exemple par temps chaud, le miel coule mieux et l’opération se fait plus rapidement. 
Profiter des longs jours ensoleillés pour faire fondre la cire (vieux rayons, opercules, déchets divers) dans le cèrificateur solaire, si vous utilisez ce procédé.
Veiller à ce que les abeilles aient à proximité l’eau qui leur est indispensable pour défendre l’intérieur de leur ruche contre la chaleur extérieure.
Attention aux guêpes et frelons qui, en cette période, commencent à devenir nombreux. Ils peuvent par leurs prélèvements incessants de miel et d’abeilles, arriver à détruire les familles trop faibles pour se défendre.
Rechercher les nids et, le soir venu, les supprimer en les asphyxiant ou en les traitant avec un insecticide puissant.

Travaux d’Août

Au rucher :
Sauf dans les pays où pousse la bruyère, il ne faut plus compter sur des apports conséquents. Les abeilles se laissent manier plus difficilement. Attention aux piqûres, pour vous et le voisinage.
Procéder à la dernière récolte si cela n’est déjà fait, et retirer les hausses, même encore vides, qui sont encore en place.
En procédant de cette façon, les abeilles devront loger dans le corps de ruche le peu qu’elles pourront amasser en cette période, et cela présentera deux avantages :
L’un pour l’apiculteur qui aura moins de sucre à donner pour l’hivernage,
L’autre pour les abeilles qui auront du bon miel à disposition durant la mauvaise saison et ne s’en porteront que mieux.
Le moment est venu de traiter contre les varroas.

A l’atelier :
Effectuer des vérifications fréquentes de l’état des rayons rangés en réserve
Traiter contre la fausse teigne si cela est nécessairePasser en revue les nourrisseurs, qui bientôt, devront être mis en place pour compléter les provisions d’hiver.
Préparer les coussins devant préserver les colonies contre le froid.
 
En vacances :
Observer les ruchers des régions traversées. Documentez vous sur l’apiculture dans les zones visitées. Vous tirerez profit des informations que vous aurez ainsi glanées au fil des kilomètres.

Travaux de Septembre

Au rucher :
Une visite des ruches s’impose. Avant l’hiver, il faut faire une inspection consciencieuse de chaque colonie. S’assurer de la présence d’une reine en bon état. Les jeunes reines pondent à cette époque. Examiner particulièrement les colonies faibles et rechercher la cause de leur mauvais développement : orphelinage accidentel, maladies,
Vérifier l’état des provisions, il faut de 15 kilos à 18 kilos de réserves aux colonies pour passer la mauvaise saison. Les familles dont le stock est nul ou insuffisant doivent recevoir un nourrissement d’appoint. Le sirop est à donner dans les délais les plus courts, afin que les abeilles aient suffisamment de temps pour l’emmagasiner et profitent, pour ce faire, des nuits encore douces. Nourrissement massif composé de 6 kg de sucre fondu dans 4 litres d’eau.
Les entrées sont rétrécies, pour éviter le pillage.les colonies orphelines seront remérées si elles sont fortes, ou réunies à d’autres si elles sont faibles.
Ne pas hiverner de familles squelettiques qui vont exiger un abondant nourrissement, elles périront très certainement pendant l’hiver, et qui , si elles atteignent le printemps, végèteront et ne fourniront aucune récolte.
 
A l’atelier :
Ranger soigneusement les hausses vides et propres. Gratter cire et propolis. Fondre les rayons défectueux.
Avoir des mèches soufrées en réserve contre la fausse teigne.
 

Travaux d’Octobre

Au rucher :

Les jours sont plus courts, les nuits se rafraîchissent,
Veiller à ce que, le nourrissement étant maintenant terminé, les nourrisseurs soient retirés et les trous de passage fermés.
Bien couvrir les plafonds avec sacs, journaux ou coussins, de manière à protéger les occupants du froid.
S’assurer de la stabilité des supports, qui seront mis à l’épreuve, au fil des années, par la pluie et le vent.
Placer devant les entrées, les grilles qui interdisent l’accès de la ruche aux rongeurs, qui aiment passer l’hiver dans un local ou ils trouvent chaleur et nourriture, au grand détriment de leurs hôtes.
Nettoyer les abords. Enlever tout ce qui pourrait choir sur les ruches ou les frapper en cas de vent (branche ou autre) de façon que les habitants ne soient pas dérangés pendant la période de repos.

A l’atelier :
Vérifier tout le matériel vide, après nettoyage sérieux. Effectuer une désinfection s’il y a eu maladie, ou même seulement présomption.
Séparer le matériel directement utilisable de celui devant être réparé avant nouvel emploi. La remise en état devra être faite durant les mauvais jours, afin que tout soit prêt pour l’emploi au printemps.
En cette saison la fausse teigne fait encore des dégâts. Des chenilles ont pu naître depuis le stockage. Un dernier traitement constituera une sécurité.

Travaux de Novembre

 
Au rucher :
 
Effectuer régulièrement des visites pour s’assurer que tout va bien, que tout est en ordre.
En novembre, il faut penser au débroussaillages, aux abattages d’arbres gênants. Les ruches, sans être exposées au grand soleil, doivent être largement dégagées.
C’est également le moment de penser aux plantations d’arbres et de haies. Les brises vents sont très utiles. En protégeant les ruches contre les violents courant d’air, ils diminuent la consommation hivernale et favorisent l’élevage printanier.
Planter des espèces mellifères ou donnant du pollen, en choisissant, de préférence, celles fournissant très tôt en saison ou à une période pauvre en ressources. Ainsi les abeilles auront, à courte distance de quoi butiner.
 
A la maison
Rassembler les documents, notes et renseignements divers provenant des observations faites au cours de la saison.
Classer livres et revues parus dans l’année.
Faire un petit répertoire des principaux renseignements auxquels vous pourrez avoir à vous reporter ultérieurement.   
 

Travaux de Décembre

 Au rucher :
Surveiller les ruches après grands vents, tempêtes ou chutes de neige.
Terminer les travaux de débroussaillage, abattage ou plantation
Effectuer les transferts de ruches, en profitant d’un temps sec et froid, mais sans que le thermomètre passe 1 ou 2 °C sous zéro. N’ouvrir les ruches (l’entrée), qu’a la suite d’un repos assez long, lorsque les abeilles auront retrouvé leur calme, de manière que les abeilles ne soient tentées de sortir et d’être paralysées par le froid.
 
A l’atelier :
Effectuer la réparation du matériel en réserve, repeindre, recouvrir les toits non étanches.
 
A la Maison :
Déclaration des ruches à la Direction des Services Vétérinaires du département.
Régler les cotisations syndicales, les réabonnements aux revues et journaux apicoles.
Faire le bilan de l’année. Examiner les rendements par ruche, par rucher, et en tirer les conclusions qui s’imposent en matière de sélection ou de transfert de ruches.
Prévoir les petits approvisionnements en fil, cavaliers, cire gaufrée, combustible pour l’enfumoir, qui seront nécessaires en début de saison.