Séance du 10 Janvier 2015 au Rucher école de Rocamadour: Traitement des loques par double transvasement sanitaire

Il fut un temps récent où les antibiotiques étaient peu connus. Les loques sévissaient.Elles étaient soignées et souvent guéries. Les raisons qui font que ces traitements ne donnaient pas toujours les résultats escomptés sont de deux sortes :

1/ Leur efficacité n’est réelle qu’en milieu propre : comme en médecine humaine, ce n’est pas dans la crasse et les taudis qu’on soigne et qu’on guérit.

2/ Si l’apiculteur a déjà donné des antibiotiques à faible dose et à titre préventif, il risque d’avoir créé des souches résistantes au traitement.

Avant tout, il faut éliminer sans perdre une seconde les ruches faibles, peu peuplées et dans les cadres desquelles se trouvent ne serait-ce que quelques cellules de couvain pourri. Le soir, lorsque les abeilles seront entrées, elles seront asphyxiées avec une mèche de soufre, puis tout sera brûlé et enterré afin que les abeilles saines ne viennent pas quérir quelque chose de l’autodafé. Si le corps de ruche est en très bon état, il sera seul conservé après avoir été nettoyé, passé à la lampe à souder jusqu’au brunissement du bois extérieur et intérieur, puis revêtu d’une couche de peinture à l’extérieur.

Quelques auteurs apicoles proposent de réunir les abeilles des ruches faibles et malades pour constituer une colonie puissante, résistant à la maladie. Ce n’est pas mon avis : deux malades ne font jamais un homme bien portant, deux misères ne créent pas l’abondance. Si chacune de ces ruches malades n’a pu résister à l’infection, il n’y a pas de raison pour qu’une fois réunies elles se défendent mieux.

En résumé :
- ruches faibles et malades : à éliminer
- ruches populeuses et malades : à soigner énergiquement.

Comme autrefois, sans médicaments, nous allons voir comment guérir les loques, par le double transvasement sanitaire et l’assainissement du rucher.

C’est lors de la première visite de printemps que le couvain est examiné avec le plus grand soin. Si une ruche est atteinte de loque, et si elle est encore très populeuse, voici la description de la méthode.

Le traitement est à effectuer le soir.

Le matériel nécessaire comporte :   

  • Une ruchette grillagée vide de toute nourriture qui nous permettra de conserver la colonie au jeûne pendant 48 heures

    Un papier (ou carton plat) d’environ un mètre carré

  • Un carton de rangement assez grand pour loger les cadres de la ruche malade

  • Un petit balai fait de branchages (éviter les brosses ou balais spéciaux dont la désinfection est toujours délicate)

Opérations :

  • Déplacer la ruche d’au moins un mètre en avant, en lui faisant faire un demi tour

  • Disposer à son emplacement et suivant la même orientation initiale, la ruchette grillagée dont le trou de vol se trouvera vis-à-vis de celui de la ruche déplacée

  • Étendre devant le trou de vol de la ruchette le papier (ou carton plat) en fixant les 4 angles avec des pierres

  • Après ouverture de la ruche et du carton de rangement, les cadres sont sortis un à un, secoués au dessus du papier, balayés avec le balai de branchages pour les débarrasser des dernières abeilles et placés dans le carton qui est refermé après l’introduction de chaque cadre

  • La ruche vidée de tous ses cadres est alors soulevée, puis renversée au-dessus du papier en subissant une secousse très brusque pour faire tomber les dernières abeilles réfugiées au fond et sur les parois

  • L’entrée des abeilles dans la ruchette est activée par quelques bouffées de fumée.

  • Quand toutes les abeilles sont entrées, la ruchette est fermée, puis emportée dans un local frais où la colonie jeûnera pendant 48 heures

  • Le papier est retiré du sol, mis dans le carton avec le balai de branchages. Le carton est refermé et emmené hors du rucher pour être brûlé dans un terrain où aura été aménagé un trou, trou qui sera recouvert de terre. après combustion du carton

Désinfection du sol.

  • Après avoir enlevé la ruche, l’emplacement est désinfecté par la combustion de produits inflammables où à l’aide d’une lampe à souder. Le flambage est à faire largement, sur tout l’emplacement de la ruche ainsi qu’en avant et sur longueur de un mètre.

  • Là, hors d’atteinte des pillardes, la ruche sera désinfectée à la lampe à souder ou au chalumeau jusqu’au brunissement du bois.

  • 48 heures après le début des opérations, la ruche reconstituée avec des cadres garnis de cire gaufrée reprend sa place. Un papier est étalé devant la ruche. La ruchette est ouverte et la colonie est secouée sur le papier pour tomber juste devant l’entrée de la ruche

  • Après l’entrée de toutes les abeilles, retirer le papier et l’emporter avec la ruchette vide pour leur désinfection comme il a été précédemment indiqué. Bien entendu, toutes ces opérations devront se faire le soir pour éviter que des pillardes des colonies saines ne viennent s’infecter.

  • Les opérateurs feront lessiver leurs vêtements, de préférence avec une solution d’eau de Javel et par ébullition. Ne pas oublier de désinfecter les chaussures, les outils et tout ce qui aura touché la ruche malade.

Deux jours après l’opération, un sirop à 50% sera distribué : un litre au maximum, en nourrissement, pour qu’il soit absorbé dans la nuit.

Le 22 avril 2006

Victor CHAYRIGUET